Et le violoniste jouait
C'était par un matin froid, le 12 janvier 2007.
Il a joué durant quarante-cinq minutes.
Pour commencer du Bach, puis l'Ave Maria de Schubert, du Manuel Ponce, du Massenet et de nouveau Bach.
A cette heure de pointe, il était près de 8h du matin, quelque mille personnes ont traversé ce couloir, pour la plupart en route vers leur boulot.
Celui qui a marqué le plus d'attention fut un petit garçon d’environ trois ans. Sa mère l'a tiré, pressée, mais l'enfant s'est arrêté pour regarder le violoniste. Finalement sa mère l'a secoué et agrippé vivement afin qu'il reprenne le pas. Toutefois, en marchant, l'enfant a gardé la tête tournée vers le musicien.
Durant les trois quarts d'heure de jeu du musicien, seules sept personnes se sont vraiment arrêtées pour l'écouter un temps.
Recette de la prestation ?
32 dollars !
Et quand il a terminé de jouer, personne ne l'a remarqué, personne n'a applaudi.
Pourquoi Louis CHATEL vous narre-t-il cette histoire ? Quelle mouche l’a piqué ?
C’est une vieille histoire reçue il y a quelque temps déjà par mail remise en forme pour l’occasion.
En résumé, alors que 2 jours auparavant ce violoniste jouait à guichet fermé au théâtre de Boston, pour un prix de place avoisinant les 100 dollars, là une seule personne avait reconnu Joshua Bell, un des meilleurs musiciens sur terre interprétant dans ce hall les partitions les plus difficiles jamais écrites avec un Stradivarius de 1713 valant près de 4 millions de dollars !
La vidéo de l’événement :
Cet événement a permis à son organisateur, le journaliste Gene Weingarten du Washington Post, de décrocher un Pulitzer 2008, doté d’un prix de 10 000 dollars !
L’histoire ne précise pas combien le violoniste a été rétribué, 32 dollars pour la prestation c’est bien peu a priori
L’événement Joshua Bell, jouant incognito dans une station de métro, organisé dans le cadre d'une enquête sur la perception, les goûts et les priorités d'action des gens avait pour ambition de pouvoir répondre aux questions suivantes :
-
dans un environnement commun, à une heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté?
-
nous arrêtons-nous pour l'apprécier?
-
pouvons-nous reconnaître le talent dans un contexte inattendu?
Une des conclusions possibles de cette expérience pourrait être :
Si nous n'avons pas le temps pour nous arrêter et écouter l'un des meilleurs musiciens au monde jouant quelques-unes des plus belles partitions jamais composées, à côté de combien d'autres choses exceptionnelles passons-nous ?
C’est à méditer… Les autres expériences décrites sur le blog de Louis CHATEL :
Mis à jour par Louis CHATEL le 14/02/2020
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