La semaine de 4 jours, ou vers le plein emploi !
Sujet récurrent, la semaine de 4 jours peut faire polémique mais ne serait-ce pas en réalité la solution pour un retour au plein emploi ?
Beaucoup d’arguments ont été avancés çà et là mais combien de personnes ont analysé l’ensemble des impacts de la durée de travail sur l’ensemble des questions sociétales.
Ébauche d’analyse personnelle du sujet éminemment complexe. J'y reviendrai à l'occasion !
Contexte du billet "La semaine de 4 jours"
Ces derniers temps j’ai suivi des reportages sur ce sujet, le principal concernait un retour d’expérimentation outre-manche où à la fin de la période d’essai, certains patrons avaient décidé de basculer sur cet aménagement du temps de travail, l’entreprise se révélant gagnante donc situation rêvée tant pour les salariés que pour le patronat.
La querelle des 35h et les séquelles laissées dans le paysage politique ont aveuglé certains, il suffit d’écouter les arguments avancés par certains qui font fi de la réalité et campent sur des positions du 19ème siècle !
Essayons d’évoquer quelques sujets liés à cette organisation du travail et justifier pourquoi la semaine de 4 jours serait La Solution à bon nombre de problèmes !
L’impact de la durée du travail sur les questions sociétales
Beaucoup de sujets qu’il ne faut pas écarter si on parle de la durée du temps de travail
Hors questions spécifiques entrepreneuriales sur lesquelles nous allons revenir, il convient de lister les questions générales
Le chômage et le déficit chronique des caisses correspondantes
Les seules solutions récurrentes c’est diminuer la prise en charge pour inciter ces fainéants de chômeurs à retourner bosser : c’est facile de faire porter la responsabilité sur les victimes !
Le déficit de l’assurance maladie
Là encore on va diminuer les remboursements plutôt que d’intervenir sur les recettes ou sur les causes des maladies
Le déficit des caisses de retraite
Là aussi on impose de travailler plus longtemps alors que l’emploi des séniors est défaillant et finalement on envoie au chômage qui ne leur sera plus payé ces vieux bons à rien, augmentant ainsi le pourcentage de personnes au-dessous du seuil de pauvreté.
Autres impacts trop souvent ignorés ou éludés
Au niveau de la société, ne pas oublier les impacts indirects dont personne ne parle.
Le commerce de proximité : les personnes n’ont plus le temps à rien, dans les transports car habitant loin et submergés par leur travail qu’ils n’arrivent plus à maîtriser. Ils commandent par internet et font la fortune de magnats qui peuvent se lancer dans la fabrication de fusées par exemple !
Enfin la vie familiale et l’encadrement des enfants.
Harassés et jamais là que peuvent ces parents faire pour jouer leur rôle de parents.
On peut là aussi les responsabiliser en leur faisant porter la responsabilité des exactions de leur progéniture plutôt que de s’attaquer aux causes racines de ce mal endémique.
D’ailleurs les associations qui pourraient palier perdent de leurs bénévoles qui n’ont plus la force ou le temps.
Nous pouvons constater que le périmètre est vaste : arrêtons de regarder par le petit trou de la lorgnette et essayons plutôt de voir plus loin que les poncifs en la matière.
Le travailleur au centre de tout
Comme disaient certains, travailleurs travailleuses !
Le travailleur que nous allons mettre au centre de notre réflexion est celui qui produit et, mine de rien, qui fait tourner la société.
C’est le carburant.
Les investissements permettent de développer et de faire fructifier ce travail mais ça forme un tout, sans investissements et sans travail il ne se passe rien !
Ce qui nous intéresse pour le moment c’est le travail et nous n’allons pas oublier son coût tant pour l’employer que pour la société.
Pour pouvoir assurer sa tâche notre travailleur a besoin
Outre le cadre propice à la bonne exécution de ses activité (en particulier conditions de travail, tout ce qui figurait dans le code du travail largement mis à mal ces dernières années).
- d’être en forme et en bonne santé,
- d’être motivé.
En dehors de ses activité il a besoin de temps pour s’occuper de sa famille et de la vie locale. Gagner plus que le juste nécessaire est de fait là aussi indispensable, mais le salaire qui peut devenir une cause de non-motivation (cf Maslow) peut être complété par des prestations sociales justifiées. Je pense en particulier aux aides au logement, aux prestations familiales etc.
Michel Rocard prônait : « Il faut travailler plus, tous collectivement, pour gagner plus collectivement » mais ramené au niveau individuel en réduisant la durée de travail.
Je partage bien entendu son analyse : si tout le monde travaille, on travaille plus collectivement, on cotise plus et on coûte moins en assurance chômage : il avait ainsi déjà évoqué l’impact sur les autres secteurs à l’époque !
Pour une semaine de 4 jours
Allons-y franchement, passons à une semaine de 4 jours de 8h, donc à la semaine de 32h !
Quel impact ?
Des travailleurs et des citoyens qui retrouvent le temps de vivre.
Pas besoin de détailler l’impact sur la vie locale dont le commerce de proximité, l’encadrement des enfants et la vie associative.
En forme le travailleur retrouve le goût de vivre et peut s’investir localement ou au niveau national.
Et pourquoi voudrait-il quitter son emploi pour une retraite anticipée s’il est bien à son travail. L'objectif n'est pas d'imposer un départ tardif mais de favoriser le maintien dans la vie active !
Certains métiers continueront à devoir éloigner les séniors à partir d’un certain âge (conducteur de PL, tireur d’élite etc.) et s’il n’y a pas de solutions de reconversion réussie, il est préférable qu’ils puissent partir à la retraite à 60 ans ou plus tôt en cas de pathologie le justifiant (cf. A propos de l'âge du départ à la retraite).
Et si on réduit ainsi drastiquement le temps de travail, on va pouvoir le partager.
Donc potentiellement plein emploi, déficits résorbés, croissance accélérée : que des bénéfices !
Le coût du travail
Mais ceci pourrait avoir un coût, regardons ceci de plus près.
Pour l’entreprise
Qui dit coût impose de parler de productivité.
Lors des discussions sur le temps de travail ou l’âge de départ à la retraite on évoque toujours les chiffres qui arrangent les intervenants.
En introduction j’évoquais les retours positifs côté patronat de cette semaine de 4 jours : les travailleurs produisaient plus en 4 jours de 8 heures qu’en 5 jours, le gain de productivité faisant plus que compenser la diminution du temps de travail.
Moins stressés, moins absents, tous les indicateurs au vert, on peut même diminuer les cotisations de ces entreprises !
Reste à organiser les entreprises en conséquence… ou on embauche si augmentation du chiffre possible (et des débouchés avec ces travailleurs redevenus clients possibles, effet cliquet) ou on se contente de la production actuelle.
Nota : pour les entreprises travaillant 7J/7 l'organisation pourrait s'articuler avec un 4J et un 3J (VSD)...
Mais arrêtons l’externalisation sous couvert que le travail couterait trop cher !
Je note au passage que les principaux détracteurs à une réduction du temps de travail sont les spécialistes du travail fictif pour amasser plus de « pognon » !
Pour la société
Moins de maladies du travail, impact direct sur les comptes de l’assurance maladie.
Plein emploi donc caisses chômage et retraites bien financées.
C’est tellement évident qu’il ne reste qu’à faire les bonnes simulations pour déterminer l’équilibre global de l’ensemble car il y a un coût qu’il faut à tout prix supporter : celui des travailleurs salariés par l’état.
Je ne parle pas des emplois inutiles générés lors de l’augmentation du nombre de couches du mille-feuille administratif mais des vrais emplois utiles à notre société
Enseignants, infirmières, force de l’ordre sur le terrain à réoccuper etc…
Tous n’ont pas besoin du même traitement, mais si je considère les hôpitaux, avoir des soins effectués par des personnes exténuées n’est pas rassurant.
Pour ces mêmes métiers, la sérénité et la bonne santé auront obligatoirement un impact sur le coût / la charge salariale !
Conclusion
Le sujet a été ébauché, il est sûr que les détracteurs focaliseront les critiques sur un détail en occultant le reste du problème.
Le moment est de changer de logiciel / paradigme : viser le plein emploi dans la globalité de la société donc y compris au niveau local avec des commerces de proximité et des associations sur le terrain.
A quand un vrai programme politique abordant ces questions de façon réfléchie ?
Dans le billet "A propos de la réduction du temps de travail" je posais la question : comment Chaplin mettrait-il en scène le travail en 2022 ?
Je vous laisse méditer sa vision du début du siècle dernier dans #LesTempsModernes avec l'image en début de cette prose.
Pour poursuivre la lecture de ce billet
Il y a déjà quelques billets sur le sujet, il faudra à l'occasion que je structure l'argumentaire entre ces différents billets.
Billet partagé par Louis CHATEL le 30/10/2023
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